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Count Basie (1904-1984)

Nous vous proposons de partir à la découverte du parcours de ce pianiste d’exception qui a fait du swing ce qu’il est. Au passage, nous en profiterons pour évoquer des grands moments et des concepts fondateurs de la musique Swing, indissociables de l'histoire de son "Comte".



Les debuts

C’est le 8 août 1904 que William Basie naît à Red Bank, dans le New Jersey. Son père est cocher et sa mère blanchisseuse. C’est elle qui l’encourage à prendre des cours de piano. Doté d’une oreille musicale remarquable, il fait tout de suite preuve d’une grande dextérité.

"Aussi loin que je m’en souvienne, on a toujours eu un piano à la maison. ( ) Ma mère payait 25 cents par leçon. ( ) Je pouvais reproduire à peu près n'importe quelle chanson que j'entendais. Ça a toujours été comme ça le piano pour moi. Tout ce que j'avais à faire, c'était d'avoir quelqu'un d'autre qui joue et je pouvais commencer directement et reproduire le morceau." Traduction libre. Extraits de “Good Morning Blues - The autobiography of Count Basie as told to Albert Murray” - Da Capo Press.

Sa première expérience de pianiste, il l’aura dès son adolescence, au “Palace Theatre”. C’est dans ce cinéma de sa ville natale qu’il accompagne, au piano, des films muets.





Harlem Stride Time

En 1924, l’année de ses 20 ans, il décide de s’installer à New York où il apprendra des meilleurs pianistes de style Stride que sont James P. Johnson, Fats Waller ou encore Willie “The Lion” Smith.

Ce style très technique et difficile à maîtriser se caractérise par un mouvement de vas et vient de la main gauche (stride veut dire à grande enjambée) qui alterne une note simple et un accord. La main droite, quant à elle, improvise de manière rapide et syncopée.

Willie “The Lion” Smith dans son appartement new-yorkais, Janvier 1947

Même si William Basie délaissera ce style au profit du swing inimitable qu’on lui connaît, cette technique, et les pianistes qui lui ont servi de mentors durant cette phase, jouent un rôle clé dans son évolution.





T.O.B.A.

Entre 1926 et 1927, William Basie sillonne l’Amérique, se produisant dans les Théâtre du Circuit T.O.B.A (Theatre Owners Booking Association)(1). Tantôt accompagnant des chanteuses de Blues telles que Kattie Crippen et Gonzelle White, tantôt jouant dans des Vaudevilles(2).

Les conditions sur le circuit sont rudes. Certain.e.s artistes rebaptisent d’ailleurs le T.O.B.A en “Tough On Black Artists” (Dur avec les artistes noires). D’interminables trajets en bus ou en train, des nuits dans des hôtels miteux et une ségrégation omniprésente. Malgré cela, William Basie garde un souvenir mémorable de cette période.

“Quant au fait de descendre dans le Sud pour la première fois... je n'ai pas beaucoup pensé à Jim Crow(3) et aux choses de ce genre. J'étais juste trop heureux d'être en tournée avec le spectacle pour me préoccuper de cela. Bien sûr, nous rencontrions des choses étranges de temps en temps, mais je n'y prêtais pas vraiment attention parce que j'avais déjà rencontré ces situations bien avant d'arriver dans le Sud. Vous pouviez rencontrer certaines de ces mêmes situations dans le Nord". Traduction libre. Extraits de “Good Morning Blues - The autobiography of Count Basie as told to Albert Murray” - Da Capo Press.


The Blue Devils

1927 - William Basie a 23 ans.

“Après toutes ces années, je me souviens encore du son des Blue Devils, ce matin à Tulsa. ( ) Je suis sorti de ma chambre et j’ai demandé aux gens que je croisais qui jouait dans ce nouvel enregistrement et quelqu’un m’a dit que ce n’était pas un enregistrement. “Ce sont les Blue Devil, en bas, qui paradent pour annoncer le bal qui aura lieu ce soir, juste à côté.” J’ai vu où ils se trouvaient, et j’ai couru dans ma chambre pour chercher quelque chose à me mettre, et suis retourné dare dare pour rejoindre la foule qui était groupée autour du camion qu’ils utilisaient comme scène mobile. Je suis simplement resté là, à écouter et regarder: j’avais jamais rien entendu de semblable à ce groupe de ma vie. ( ) J’ai oublié ma gueule de bois et laissé tomber l’idée de récupérer des heures de sommeil. Je voulais seulement les écouter jouer un peu plus. Ensuite, le chanteur principal est arrivé, et j’ai écouté pour la première fois chanter Jimmy Rushing. Je n’avais jamais rien entendu comme lui non plus. Il était déjà spécial. Il savait se mettre le public dans sa poche. Ça se voyait au premier coup d’oeil. Le leader était un homme lourd et grand, à l’air sympa qui jouait du tuba, et du saxophone baryton. Son nom était Walter Page. ( ) Tout le monde semblait avoir tellement de plaisir simplement à être ici à jouer ensemble, et ils étaient beaux à voir, et sonnaient simplement trop bien. Il y avait un esprit d’équipe incroyable entre ces types, et ça se ressentait dans leur musique, et tu restais simplement à les regarder et les écouter et tu ne pouvais éviter d’avoir envie de faire partie de leur groupe. J’ai tout aimé d’eux: et, au vue de comment les choses ont évolué, les écouter ce jour là à peut-être été le moment le plus important de ma carrière musicale, par rapport aux idées que j’ai formées de la musique que j’avais envie de jouer.” Traduction libre. Extraits de “Good Morning Blues - The autobiography of Count Basie as told to Albert Murray” - Da Capo Press.

Quelques mois plus tard et après avoir tenté de provoquer la chance à plusieurs reprises, William Basie profitera d’un problème de santé du pianiste habituel pour réaliser son rêve et jouer son premier concert avec “The Blue Devils”. Le jeune pianiste ne le sait pas encore mais le chanteur Jimmy Rushing et le contrebassiste Walter Page seront parmi ses amis les plus proches et des artistes qui l’accompagneront tout au long de sa carrière.





Moten swing - Kansas City

1928, William Basie a 24 ans. Il est désormais le pianiste officiel de “The Blue Devils”, basé à Kansas City.

A cette époque la ville a décidé de ne pas suivre les autres états qui ont commencé à mettre fin à la prohibition et les habitant.e.s sont très demandeurs-euses de divertissements. La ville devient alors un véritable laboratoire de la musique.



C’est à cette époque que William Basie acquiert son surnom de “Count”. Son travail devint si respecté qu’un animateur de radio décida que William Basie était un nom bien trop ordinaire pour l’artiste. Le monde du jazz avait déjà un Seigneur (traduction de “earl” en anglais, pour Earl Hines) et un Duc (traduction de “duke” en anglais, pour Duke Ellington), il sera donc désormais connu sous le nom de Comte (“Count” en anglais).

Le grand rival de “The Blue Devils” est le “Bennie Moten’s Kansas City Orchestra”. Bennie Moten est un pianiste, chef d’orchestre et compositeur qui est considéré comme précurseur du swing. On raconte que c’est dans un enregistrement de cet orchestre qu’on entend pour la première fois un morceau qui “Swing”.


Malgré le fait que les premiers morceaux de l'Orchestre n’ont pas encore de “swing feeling”, c’est dans cet orchestre que Basie va découvrir la force des éléments fondateurs du Swing que sont les “Riffs” (voir le paragraphe “le swing selon Basie”) et le “4-beat feel”(6). Ce sera une révélation pour lui et son passage à Kansas City le marquera à jamais.



Lors du Solo de Count Basie (solo 1:44), on retrouve complètement l’influence du courant “stride” dont nous avons parlé plus haut.


Symbole de l’amorce d’un changement et de l’entrée dans l’air du swing, “Moten’s Swing” deviendra ce qu’on appelle un standard. Il sera repris par le Big Band de Fletcher Henderson ou encore Benny Goodman. Count Basie continuera à le jouer et il dira même l’avoir co-écrit (avec Eddie Durham) mais officiellement c’est Bennie Moten qui est crédité pour le morceau.



Count Basie apporte déjà son style dans ce morceau en commençant par un solo très “minimaliste” et assez révolutionnaire pour l’époque. Cette “sobriété” restera sa marque de fabrique toute sa carrière.

Le trompettiste Harry Sweets Edison disait d'ailleurs: “Basie a été le pianiste le plus économe qui n’ait jamais vécu. Et certainement le plus génial aussi.“

On dira également de Count Basie que c’était l’homme capable de faire tout swinguer, même une seule note. (“Basie was the men who could make one note swing”)


Dans son autobiographie, Count Basie raconte:

“Durant cette tournée (1932), on a joué à la Savoy Ballroom. C’était la première fois que j’y jouais. J’y étais déjà allé pour écouter des groupes....je ne me souviens pas de grand chose à part des lumières et du plus grand dancefloor que je n’aie jamais vu...cette fois-ci j’y allais pour jouer avec Bennie. Très peu de personnes nous connaissaient à New York mais ce soir là on a fait un carton. On a commencé à jouer “Moten’s Swing” et ça a été dingue! Les gens ne comprenaient pas ce qu’il se passait mais ils savaient qu'ils pouvaient taper du pied et danser dessus.“ Traduction libre. Extraits de “Good Morning Blues - The autobiography of Count Basie as told to Albert Murray” - Da Capo Press.

Bennie Moten Orchestra, 1931, G-D Vernon Page, Count Basie, Hot Lips Page, Ed Lewis, Thamon Hayes, Eddie Durham, Woodie Walder, Buster Berry, Harland Leonard, Booker Washington, Willie McWahshington, Jack Washington. Debout: Bennie Moten, Buster Moten, Jimmy Rushing. (Photo by Gilles Petard/Redferns)

Nous sommes maintenant à l’orée de l’ère du Swing (env. 1933-47), durant laquelle musique et danse seront indissociables. Et, surpassant son titre de Comte, Count Basie en sera l’un des Rois incontesté.

Le Saxophoniste Illinois Jacquet dit:

“Dès que Basie et son groupe se mettait à jouer, le lieu devenait le Savoy Ballroom. Les gens ne pouvaient pas s’empêcher de danser.“


Une ascension fulgurante

Après le décès de Bennie Moten en 1935, Basie recrute plusieurs musiciens du groupe et il crée son propre orchestre. Ils jouent au fameux Reno Club de Kansas City et passent à la radio. C’est ainsi qu’ils sont repérés par un critique de Jazz et producteur (John Hammond) qui les invite à jouer d’abord à Chicago et puis à New York en 1936.

Ils deviennent l’un des “Territory band”(4) (Orchestre de province) préféré des new-yorkais et ainsi commence l’ascension fulgurante de “Count Basie and his Orchestra” qui deviendra l’un des groupes les plus populaires de l’ère du swing.


The Count Basie Orchestra - 1941 Crédit: Institute of Jazz Studies at Rutgers University



Le swing selon Basie

La musique de Count Basie, durant l’ère du Swing, s’articule autour de deux principaux éléments qui sont typiques de ce qu’on appelle le “Kansas City Style”.


Les Riffs: courtes figures musicales, rythmiques, mélodiques ou harmoniques répétées pour constituer la base d'une composition musicale (soit en spotlight, soit derrière un solo, soit dans un call & response). Ils servent à “fait monter la sauce” et donnent aux morceaux une certaine “tension”.

On dit que les Riffs sont nés à Kansas City et qu’ils sont l’extension à l’échelle d’une grande formation de la structure “call & response” que l’on retrouve dans les musiques africaines puis dans les spirituals(5) africains américains.

Les "Head arrangements" (arrangements de tête): arrangement qui n’est pas écrit et que les musicien.ne.s apprennent par cœur. Seul le squelette du morceau était décidé à l’avance et connu des musicien.ne.s (en général sans partition). Le reste était créé collectivement sur le moment.

Count Basie évoque cela dans son autobiographie:

“Parfois je commençais simplement à jouer. Nous jouions depuis 1h, 1h et demi et nous arrivions au bout de notre répertoire et au moment où le présentateur devait annoncer le prochain morceau je me mettais à jouer un truc et j’inventais un titre. On a fait ça souvent. C’est ainsi qu’on a créé l’un de nos plus grands standards. Un soir on était à l’antenne et il nous restait 10 minutes. Le présentateur me demande ce que nous allons jouer et comme je n’en avais aucune idée, je lui ai répondu “ je vais juste commencer à jouer un truc” et il a dit “quoi comme truc?”. C’est à ce moment-là que j’ai vu l’horloge et comme il manquait une minute avant qu’il soit 1heure je lui ai dit “ Call it “ONE O’CLOCK JUMP”. Alors la section rythmique a commencé et puis les riffs ont suivi. On a commencé en Ré-bémol et puis on a continué en Fa”. Traduction libre. Extraits de “Good Morning Blues - The autobiography of Count Basie as told to Albert Murray” - Da Capo Press.


A la lumière de ces éléments. Nous vous proposons d'écouter le fameux "One O'clock Jump"



Intro 4 x 8

2 blues chorus: Section rythmique avec piano.

6 blues chorus: Riffs + solo par dessus. Le riff change à chaque phrase et donc à chaque soliste (6x8 chacun).

1 blues chorus: Solo piano et section rythmique sans Riff.

3 blues chorus: Riff et un jeu de Call & response.


Après ça et pendant environ 10 ans (38-45) ce seront les années de gloire de Count Basie, du swing et de la danse!


À cette époque, la clé du groupe de Count Basie est ce que l'on appelle la "All-American Rhythm Section" - Freddie Green à la guitare, Walter Page à la contrebasse, Jo Jones à la batterie et Count Basie au piano. En accordant une importance égale à chacun des 4 temps de la mesure (4-beat feel*), elle a généré un bounce dynamique et un swing extrêmement contagieux. Au fil des décennies, elle est restée le modèle, souvent imité mais jamais égalé, de toutes les sections rythmiques du swing.


Freddie Green, Jo Jones, Walter Page et Count Basie - couverture de l’album (Count Basie and his All American Rhythm Section - The Kid from Red Bank )


Illustration du "4-beat feel"


Illustration d’un "2-beat feel"


Après la fin de la guerre, les choses se compliquent, c'est la fin des Big Bands et l’ère du Swing. S’en suivent quelques années de galère pour Count Basie. Jusqu’au début des années 50.



Late Basie

Après 2 ans de pause, dès 1952, Count Basie reprend du service avec son Big Band.

Les salles de danse ont maintenant laissé place aux salles de concert.

La formule reste un peu la même mais on note tout de même certains changements: un son plus clinquant, un peu moins subtil, un peu plus criard, de gros effets de surprise avec les cuivres, une esthétique différente.



“Il y a un parallélisme fascinant entre le style de piano de Count Basie et la rhétorique de son orchestre. Les deux sont devenus complètement prédictibles, “congelés dans la perfection”, bénis par la non-intellectualité, implacablement simple - et littéralement inimitable. N’importe quelle imitation du piano de Basie ou du style de son orchestre est pur plagiat. Certains s’en réjouissent, mais cela signifie aussi que le style de Basie dans les années 1950 ne permettait plus de croissance, plus de développement. Dans sa perfection néo-classique, il était le plus glorieux des culs-de-sacs. “ Gunter Schuller - The Swing Era

Count Basie fait partie des rares artistes à continuer à vivre du swing jusqu’à dans les années 80. Il collaborera souvent, durant cette période, avec la grande Ella Fitzgerald avec qui il partira en tournée partout dans le monde. En 1959, Ella Fitzergald et Count Basie marqueront l’Histoire en étant les premiers-ières artistes noir.e.s à recevoir un Grammy Award (Best Vocal Performance pour elle et Best Jazz Performance pour lui).


Cérémonie de Grammy Awards, 1959, Los Angeles. E. Fitzgerald et C. Basie.


Jusqu’à sa mort, en 1984, à l’âge de 79 ans, Count Basie continue à jouer et à diriger son Big Band tel un capitaine, son navire. Avec plus de 40 ans d'existence sous sa Direction, le Big Band de Count Basie bat tous les records de longévité.


Il y aurait tellement plus à dire sur Count Basie. Nous vous recommandons vivement de lire son autobiographie et/ou de chercher à en savoir plus sur lui. A travers lui et son histoire, c’est toute une époque, des valeurs, un contexte social et culturel que l’on apprend à connaître.

Basie c’est le swing, et le swing c’est Basie!






Remerciements

merci à Aurélien Darbellay avec qui j’ai fait les premières recherches sur Count Basie pour une présentation dans le cadre du projet “Bichonne ton swing”. Merci pour ces moments de travail et pour les éléments qui ont servi de sources à cet article.


Rédaction

Flavia Ciaranfi Damiens


Notes

(1) T.O.B.A: réseau de salles de théâtres actif aux États-Unis tout au long des années 1920, réservé aux interprètes africain.e.s américain.e.s et destiné principalement à un public africain américain. La majorité de ces théâtres étaient détenus par des personnes africaines américaines.

(2) Vaudeville: Genre de divertissement théâtral de variétés, consistant en une combinaison rapide de numéros mixtes sans intrigue fermée. Le théâtre de vaudeville, avec ses artistes itinérant.e.s, est extrêmement populaire aux Etats-Unis entre le début du XIXème siècle et le début du XXème siècle, jusqu’à l’avènement du cinéma muet.

(3) Jim Crow: Les lois Jim Crow sont des lois nationales et locales imposant la ségrégation raciale aux États-Unis et promulguées par les législatures des États du Sud de 1877 à 1964. Le terme Jim Crow trouve son origine dans la culture populaire américaine par une chanson de 1828, Jump Jim Crow, imitation caricaturale et raciste d'un esclave africain-américain créée par l'auteur Thomas Dartmouth « Daddy » Rice (1808–1860).

(4) Territory Bands - Orchestres de province: l’expression s’applique aux groupes qui se sont produits au cours des années 20 à 40 sur tout le territoire des Etats-Unis, ailleurs qu’à New York, Chicago, Los Angeles et San Francisco. Au départ, ces groupes ne sortaient pas beaucoup des limites de leur Etat (principalement pour des raisons syndicales). Puis, avec le développement rapide de la radio dans les années 20, certains se mirent à décrocher des contrats à Chicago et New York.

(5) Spiritual: type de musique vocale et sacrée née chez les esclaves noir.e.s des États-Unis au xixe siècle, et qui est à l'origine du gospel.

(6) 4-beat feel: par opposition au 2-beat feel. Dans le cas du 4-beat feel, la section rythmique accorde la même importance à tous les 4 temps de la mesure. Dans le cas de 2-beat feel, celle-ci accentue un temps sur deux (1 et 3). Voici une vidéo qui illustre ce concept.


Sources

Good Morning Blues - The Autobiography of Count Basie as told to Albert Murray - Da Capo Press.

Le Nouveau Dictionnaire du Jazz - Philippe Carles, André Clergeat, Jean-Louis Comolli - Editions Robert Laffont

The Swing Era - Gunther Schuller - Oxford University Press



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